Par Myriam Venne, M.Sc., orthophoniste
CO Clinique d’évaluation et de traitement
Téléchargez l’article complet au format PDF
Dernièrement, j’ai été interpellée par plusieurs personnes de mon entourage en lien avec le développement langagier de leur enfant ou petit enfant. Certains s’inquiètent, d’autres se font dire de consulter un orthophoniste, mais ne s’inquiètent pas nécessairement.
Les 2 questions que je reçois le plus souvent sont :
- Mon enfant est-il vraiment en retard?
- Que puis-je faire pour l’aider dans le développement de son langage?
Le développement du langage chez le tout-petit (1 à 3 ans)
Entre 0 et 3 ans, l’enfant apprend à découvrir son environnement et à construire sa personnalité. C’est en interagissant d’abord avec son parent, puis avec des enfants qu’il construit son vocabulaire et ses habiletés sociales. Plus un enfant entend souvent un mot, plus il est susceptible de le dire.
Chez les tout-petits, certains évoluent par pallier, d’autres le font continuellement. De 0 à 12 mois, l’enfant babille, module sa voix, apprend à l’utiliser pour attirer notre attention. À partir de 12 mois, on voit généralement les premiers mots apparaître, puis entre 18 et 24 mois, une explosion du vocabulaire surgit. Il n’est pas rare de voir qu’à chaque jour/semaine, l’enfant utilise de nouveaux mots. La compréhension des consignes s’améliore également plus son vocabulaire augmente. Il est normal que l’enfant, à cet âge, ait encore besoin de gestes ou de démonstrations pour bien réaliser une consigne longue qu’on lui demande.
Entre 2 et 3 ans, l’enfant apprend tranquillement à mettre les mots ensemble pour en construire des phrases. Celles-ci passent de combinaisons de 2 mots (« veux lait ») à 3-4 mots (« moi veux lait »). À cet âge, l’enfant peut réaliser des consignes qu’on lui donne dans les routines du quotidien sans gestes, ni démonstrations (« Va chercher tes bottes et ton manteau »). Les consignes plus complexes sont encore difficiles à réaliser (« Mets ton chapeau avant de mettre ton manteau »). On s’attend également à ce que l’enfant commente son environnement en nommant ce qu’il voit.
5 observations à faire chez l’enfant de 1 à 3 ans qui indiqueraient qu’une consultation en orthophonie est nécessaire
- Il me regarde peu ou pas lorsque je lui parle.
- Il a peu ou n’a pas babillé (par exemple, bababa, dadede) dans sa première année de vie.
- Peu de mots sont clairs lorsqu’il s’exprime, il saute toujours une/des syllabes.
- Il réalise peu de consignes simples que je lui demande.
- Son vocabulaire n’augmente pas malgré le fait qu’il vieillisse.
Le développement du langage chez l’enfant préscolaire (3-5 ans)
Entre 3 et 5 ans, l’enfant forge sa personnalité et utilise le langage pour nous faire savoir davantage ses goûts et préférences. On voit donc apparaître différentes façons d’utiliser son langage comme la conversation, raconter des choses (même si c’est généralement court et axé sur le quotidien), ou encore exprimer son opinion (même si ce n’est que pour nous contredire comme parent).
L’enfant de 3-4 ans a maintenant suffisamment de mots dans son vocabulaire pour construire de plus grandes phrases. Il apprend tranquillement les règles grammaticales, conjugue de mieux en mieux ses verbes et utilise de plus en plus de petits mots dans ses phrases (« JE veux UNE pomme rouge »). Ses demandes verbales sont plus précises. Les consignes et phrases qu’il comprend sont maintenant plus longues également.
Entre 4 et 5 ans, l’enfant devrait être compris par tous, malgré la présence possible de quelques transformations de sons comme le « ch, j, r ». Il devrait être en mesure d’entretenir une conversation sur un sujet qui l’intéresse. Sur le plan de la compréhension, l’enfant de cet âge comprend tous les mots « questions » (Qui, Avec Qui, Quoi, Avec Quoi, Où, Pourquoi, Comment, Quand) bien que les notions de temps (saisons, jours, mois, moments dans la journée) soient encore mélangées dans sa tête.
5 observations à faire chez l’enfant de 3 à 5 ans qui indiqueraient qu’une consultation en orthophonie est nécessaire
- Il n’est pas intéressé à communiquer/interagir (est plutôt dans sa bulle).
- Vous le faites répéter plus de 50% du temps.
- Un proche ne comprend pas ce qu’il dit.
- Il a généralement besoin de gestes et démonstrations pour réaliser les consignes demandées.
- Il vous faut répéter plus de 50% du temps les consignes.
5 comportements parentaux à adopter pour stimuler le langage de votre enfant
- Se placer à la hauteur de l’enfant lorsqu’on communique avec lui.
Cela permet à l’enfant de bien voir votre bouche lorsque vous parlez et de se sentir d’autant plus écouté. - Nommer ce que vous faites, même si ça ne concerne pas l’enfant.
Le vocabulaire passe d’abord et avant tout par l’exposition aux mots. Pas besoin de « livre de vocabulaire » pour en apprendre. Il apprendra les mots qui sont dans son quotidien s’il les entend fréquemment. Par exemple, lorsque vous faites du lavage, dites que vous cherchez les 2 bas pareils, profitez-en pour nommer la couleur des vêtements que vous pliez ou encore à qui appartient ce que vous pliez.
Éviter de demander à votre enfant « c’est quoi ça ». Rappelez-vous que plus un enfant entend un mot, plus il est susceptible de l’enregistrer dans sa tête. Si tout ce qu’il entend c’est « c’est quoi ça », alors il sera possiblement davantage porté à vous dire « c’est quoi ça » plutôt que le mot en question! - Reformuler les propos de l’enfant.
La reformulation, c’est de reprendre les mots dits par votre enfant sans que ce soit nécessairement pareil. Ainsi, si sa phrase comporte une erreur, mettez l’accent sur la bonne façon de le dire sans exiger qu’il le répète après vous. Cela permettra aussi à l’enfant de se sentir validé et compris. Par exemple, si votre enfant dit : « Papa, regarde le sa! », vous pourriez simplement dire : « Ah oui, c’est vrai, c’est un beau CHat! ». - Regarder des livres avec votre enfant.
Les livres exposent les enfants à un autre type de vocabulaire de même qu’à la structure du récit. Regarder des livres et raconter des histoires aux enfants leur permet de développer des habiletés de prélecture et de préécriture qui seront indispensables rendus à l’école. N’hésitez pas à lui faire découvrir le son et le nom des lettres, les rimes, les signes de ponctuation, etc. - Renforcer positivement les efforts et réussites de votre enfant.
Peu importe le niveau de votre enfant, qu’il présente des difficultés ou non, il est important de renforcer positivement ses efforts et réussites pour le valoriser et construire sa confiance en lui. En soulignant ses efforts, vous engager un dialogue avec lui.
Si le contenu de cet article vous valide dans vos inquiétudes ou si vous voulez en avoir le cœur net, n’hésitez pas à consulter un orthophoniste. Vous pouvez inscrire votre enfant au service du réseau de la santé dans Lanaudière via le https://www.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca/liste-de-soins-et-services/liste-par-clientele/famille/retards-et-deficiences/ ou encore consultez la liste des cliniques privées via le https://www.ooaq.qc.ca/consulter/orthophoniste/trouver-orthophoniste/recherche-orthophoniste-prive/